Présentation du projet
Que pourrait être une agriculture réellement Végane ? Une telle agriculture devrait n’être liée en rien à l’exploitation animale, elle devrait également être inspirée par des principes de non-violence, de coopération avec toutes les formes de vies.
Notre projet vise donc à produire des aliments végétaux sans aucun lien avec l’élevage et de façon très soutenable, avec le minimum d’impact ou un impact positif sur les écosystèmes, le climat, la santé humaine,…
L’agriculture qui sera développée sur notre futur site est définie comme une agriculture Végétalienne, sur sol Vivant qui vise à amener chaque unité de production à son optimum. Cette agriculture « VVTop » est innovante mais elle se base sur des éléments solidement établis dont voici les principaux :
1° L’agriculture végétalienne vise à produire exclusivement des végétaux et ce, sans lien avec l’élevage. Cette particularité découle de l’ambition écologique du projet. En effet, si localement un élevage paysan lié au sol présente une valeur ajoutée environnemental certaine ; à un niveau mondial, l’élevage est responsable de 15 à 30 % des GES, il mobilise plus de 85 % des terres agricoles et il exerce d’importantes pressions sur plusieurs écosystèmes menacés dont les océans et la forêt équatoriale. Développer une alternative de production végétalienne peut donc, d’un point de vue environnemental, être très complémentaire d’un recentrage des fermes existantes sur une agriculture paysanne.
2° L’agriculture sur sol Vivant est une discipline montante qui synthétise à grande échelle, chez des producteurs professionnels, les principes fondateurs de la permaculture. Elle se développe actuellement en France et dans les pays limitrophes http://agricultureduvivant.org/.
Dans ce cadre, il a été établit qu’un sol vivant – fondement d’une agriculture réellement soutenable et productrice d’aliments de haute qualité, repose sur l’entretien d’une biodiversité édaphique composée de vers de terre, champignons, bactéries, petits insectes pour un total d’environ 10 tonnes d’organismes/ha. La survie de ces populations d’organismes naturellement présents dans le sol vivant est principalement liée à la fourniture en suffisance d’aliments pour ces formes de vies. Ces aliments consistent en apports organiques : composts, broyats, couverts végétaux,….
Mais là où l’agriculture du vivant apporte une contribution significative, c’est en quantifiant ces apports nécessaires : 20 à 30 T de MS/ha.an.
Dans le cas présent les principaux apports organiques seront du foin et du broyat qui seront apportés en quantités au total approximativement équivalentes et à des moments spécifiques de la rotation de culture.
Mais ensuite, la question de la production de ces matières sur site se pose, il s’agit en effet, à terme, d’être en mesure de rendre le site autonome en terme d’apports organiques, c’est à dire résilient et auto-fertile.
Cet aspect invite à développer différents aspects : une rotation de culture incluant des légumineuses et un couvert végétal ainsi qu’une céréale ; une importance donnée aux arbres entre-autre pour leur rôle de fixateur de carbone ;
un enherbement des chemins donnant lieu à une production d’herbe fauchée.
3° « Top » : l’optimalisation de chaque production est une stratégie de longue date de l’agriculture paysanne, elle vise à amener chaque organisme cultivé sur la ferme à son plein développement plutôt que de chercher un optimum économique globale. Plus récemment, cette conception a été développée sous le nom de « one health », une approche qui considère qu’il faut que la bactérie du sol soit en bonne santé pour donner des plantes en bonne santé qui elles-mêmes constitueront des aliments sains pour les humains qui les consomment.
Cette vision holistique amène aussi à considérer le site de production comme un agro-écosystème dont on cherchera à développer les défenses naturelles afin d’en renforcer l’équilibre.
Ceci nous invite à choisir la stratégie de la biodiversité en multipliant les espèces cultivées et en créant des zones refuges pour les auxiliaires de culture : prédateurs naturels des parasites des cultures et pollinisateurs.
Outre ces aspects, le projet est également déterminé par des aspects socio-économiques, en effet, il s’agit non-pas uniquement de « produire des légumes » ou encore « de produire bio », ou même d’ouvrir un espace de jardins communautaires, mais plus fondamentalement de nourrir des gens, ce qui suppose une agriculture bio-intensive diversifiée.
Concrètement une telle agriculture nécessite :
• la présence de serres ;
• une petite mécanisation professionnelle ;
• un périmètre irrigué ;
• un stockage froid.
Ceci permettra de produire en quantité et quasi toute l’année.
Mais ce projet d’agriculture Végane se veut également très ouvert sur la société, il ne s’agit pas uniquement de produire pour une minorité engagée des aliments sans une goutte de sang sur les mains, ce projet s’inscrit aussi dans la dimension politique du véganisme qui aspire à un changement global de la société, vers moins de violence. Dans cet esprit Vtopia sera également un lieu de rencontre et d’ouverture accueillant pour toutes et pour tous, Végane, non-véganes, de différentes religions, cultures, milieux sociaux,… Et pour contribuer à un changement global l’accent sera également mis sur des techniques très productives visant à nourrir le maximum de gens par unité de surface et à rémunérer correctement le producteur. Nous voulons développer un modèle qui pourra être généralisé et adopté par d’autres producteurs et développer des filières à grande échelle pour ce type d’agriculture très respectueuse du vivant.
Vtopia se veut intensément coopératif, les membres pourront venir tester des choses, proposer des idées et s’initier à cette agriculture novatrice en chantiers participatifs conviviaux, les légumes seront produits à des tarifs très abordables, ils pourront être récoltés directement sur place en auto-cuillette, lors d’une ballade dans une véritable oasis de biodiversité.
Le projet aura une forte dimension de co-construction et d’implication permanente des actifs en lien avec les consommateurs végétariens de Liège. Une grande place sera laissée à la créativité afin de permettre de tester différents itinéraires techniques satisfaisant les besoins des consommateurs. Le choix des cultures sera négocié avec les consommateurs, il visera à être en mesure de fournir une proportion importante de l’alimentation des mangeurs tout en prenant en compte les contraintes techniques et agronomiques. D’une part un cahier des charge spécifique d’agriculture végétalienne sur sol vivant sera négocié et revu régulièrement, d’autre part les aspects culinaires et diététiques ne seront pas négligés.
Le cahier des charges sera établit par un comité de suivi constitué de producteurs et de consommateurs véganes, il s’inspirera des cahier des charges de l’agriculture biocyclique et véganik, nous nous interdirons notamment le recours à tous biocides interdit par le règlement européen de l’agriculture bio.
Le design d’implantation permettra de mener une importante production vivrière sur 12 blocs de cultures de 1000 m² chacun + 1600 m² de serres, plus de 3000 arbres sur une surface totale de 2,5 ha. A terme le site devrait produire environ 10 tonnes d’aliments totalement véganes par mois.